A Paris comme à Montréal, l'émergence des quartiers gays montre le rôle spécifique des gays dans la revitalisation des quartiers centraux depuis une quarantaine d'années. Leur implantation commerçante, résidentielle et symbolique a contribué à la métamorphose complète d'anciens quartiers populaires, peu attractifs et vétustes : les gays apparaissent ainsi comme des acteurs spécifiques de la gentrification urbaine. Plus précisément encore, l'étude des trajectoires et des modes de vie d'habitants gays du Marais et du Village montre aussi leur rôle plus quotidien dans la gentrification (logement, consommation, sociabilités). Ce rôle n'est pourtant pas homogène : les rapports au quartier sont socialement diversifiés, notamment en fonction des trajectoires individuelles et des variations nationales. Mais les quartiers gays ont aussi des effets sur les parcours gays. Instances de socialisation et lieux d'élaboration de normes spécifiques, ils produisent des manières spécifiques d'être homosexuel et apprennent ainsi aux individus à ' devenir gay '. Les effets de cette socialisation restent cependant soumis aux socialisations antérieures, aux origines sociales et aux appartenances de génération.